Poésie et lyrisme en musique (1) : Le poème symphonique

Le poème symphonique est un genre musical instrumental ; il est destiné à un orchestre (sans chanteur). C’est un sous-genre de la musique dite à programme car elle est accompagnée d’un texte.

Nous prenons comme exemple l’Apprenti sorcier.

Au départ, c’est un poème datant de écrit par de Gothe, écrivain allemand.

Le voici, traduit par H. Blaze

Enfin, il s’est donc absenté, le vieux maître sorcier ! Et maintenant c’est à moi aussi de commander à ses Esprits ; j’ai observé ses paroles et ses œuvres, j’ai retenu sa formule, et, avec de la force d’esprit, moi aussi je ferai des miracles.

Que pour l’œuvre l’eau bouillonne et ruisselle, et s’épanche en bain à large seau!

Et maintenant, approche, viens, viens, balai ! prends-moi ces mauvaises guenilles ; tu as été domestique assez longtemps ; aujourd’hui songe à remplir ma volonté ! Debout sur deux jambes, une tête en haut, cours vite, et te dépèche de m’aller puiser de l’eau !

Que pour l’œuvre l’eau bouillonne et ruisselle, et sepanche en bain a large seau !

Bravo ! il descend au rivage ; en vérité, il est déjà au fleuve ! et, plus prompt que l’éclair, le voilà ici de retour avec un flot rapide. Déjà, une seconde fois ! comme chaque cuve s’enfle ! comme chaque vase s’emplit jusqu’au bord ! Arrête, arrête ! car nous avons assez de tes services.

— Ah ! je m’en aperçois ! — Malheur ! malheur ! j’ai oublié le mot !

Ah ! la parole qui le rendra enfin ce qu’il était tout à l’heure ? Il court et se démène ! Fusses-tu donc le vieux balai ! Toujours de nouveaux seaux qu’il apporte ! Ah ! et cent fleuves se précipitent sur moi.

Non ! je ne puis le souffrir plus longtemps ; il faut que je l’empoigne ! C’est trop de malice ! Ah ! mon angoisse augmente ! Quelle mine ! quel regard !

Engeance de l’enfer ! faut-il que la maison entière soit engloutie ? Je vois sur chaque seuil courir déjà des torrents d’eau. Un damné balai qui ne veut rien entendre ! Bûche que tu étais, tiens-toi donc tranquille ! Si tu n’en finis pas, prends garde que je ne t’empoigne, et ne fende ton vieux bois au tranchant de la hache !

Oui-dà ! le voilà qui se traîne encore par ici ! Attends, que je t’attrape ! Un moment, Kobold, et tu seras par terre. Le tranchant poli de la hache l’atteint. Il craque ! bravo, vraiment fort bien touché ! Voyez, il est en deux ! et maintenant j’espère et je respire !

Malheur ! malheur ! deux morceaux s’agitent maintenant, et s’empressent comme des valets debout pour le service ! à mon aide, puissances supérieures!

Comme ils courent ! De plus en plus l’eau gagne la salle et les degrés ; quelle effroyable inondation ! Seigneur et maître ! entends ma voix !

— Ah ! voici venir le maître ! Maître, le péril est grand ; les Esprits que j’ai évoqués, je ne peux plus m’en débarrasser.

Dans le coin, balai ! balai ! que cela finisse, car le vieux maître ne vous anime que pour vous faire servir a ses desseins. »

Pour mieux visualiser la mise en musique de l’histoire, je vous détaille les thèmes

Vous pouvez maintenant essayer de retrouver ces différents thèmes dans le poème symphonique en entier, composé par Paul Dukas