Prolongement : le genre fantastique en musique _ 4e

La Symphonie fantastique d’Hector Berlioz

Berlioz est un compositeur romantique français du 19e siècle qui a été influencé par le genre fantastique en littérature, comme il l’indique lui-même dans ses Mémoires.
« Immédiatement après cette composition sur Faust, et toujours sous l’influence du poème de Goethe, j’écrivais ma Symphonie fantastique. »


Faust est considéré comme une des œuvres les plus importantes de la littérature allemande. Au 16e siècle, un scientifique (un alchimiste), à la fin de sa vie, prend conscience qu’il n’a rien accompli d’important, rien découvert. Il est rempli d’aigreur et de regrets. Méphistophélès arrive alors et lui propose de lui rendre sa jeunesse en échange de son âme.

La Symphonie fantastique est une œuvre musicale à programme, c’est à dire qu’elle est accompagnée d’un texte.

Programme de la symphonie
Un jeune musicien d’une sensibilité maladive et d’une imagination ardente s’empoisonne avec de l’opium dans un accès de désespoir amoureux. La dose de narcotique, trop faible pour lui donner la mort, le plonge dans un lourd sommeil accompagné des plus étranges visions, pendant lequel ses sensations, ses sentiments, ses souvenirs se traduisent, dans son cerveau malade, en des pensées et en images musicales. La femme aimée, elle-même, est devenue pour lui une mélodie et comme une idée fixe qu’il retrouve et qu’il retrouve et qu’il entend partout.
5e mouvement
Il se voit au sabbat, au milieu d’une troupe affreuse d’ombres, de sorciers, de monstres de toute espèce, réunis pour ses funérailles. Bruits étranges, gémissements, éclats de rire, cris lointains auxquels d’autres cris semblent répondre. La mélodie aimée reparaît encore, mais elle a perdu son caractère de noblesse et de timidité ; ce n’est plus qu’un air de danse ignoble, trivial et grotesque : c’est elle qui vient au sabbat… Rugissement de joie à son arrivée… Elle se mêle à l’orgie diabolique… Glas funèbre, parodie burlesque du Dies iræ, ronde du Sabbat. La ronde du Sabbat et le Dies iræ ensemble.

Leonhardt Bernstein (chef d’orchestre)
« Les sons inquiétants que vous entendez proviennent de la première symphonie psychédélique de l’Histoire ; la toute première description musicale d’un trip, écrite il y a bien longtemps, en 1830 (c’est-à-dire quelque chose comme 130 ans avant les Beatles). […] Et quel est le lien entre ces cinq mouvements fantastiques ? Nul autre que la demoiselle ayant provoqué cet accès de désespoir amoureux. Elle hante cette symphonie : où que la musique aille, elle surgit. Obsédante, importune, s’immisçant et revenant encore et toujours sous une multiplicité de formes et d’aspects. Berlioz l’a désignée comme «l’idée fixe » ayant pris possession de l’esprit de l’esprit du musicien. »

Le Dies Irae, ce qui signifie Jour de colère, est chanté dans le Requiem (Messe des morts dans la liturgie catholique), il évoque l’apocalypse, le jour du Jugement dernier. Il a été créé vers l’an 1000.

Le thème a ensuite été repris dans Shining de Stanley Kubrick.

Voici une petite liste qui vous permettra, je l’espère, de reconnaître, les éléments du  programme dans la musique.

1. Une sinistre introduction pianissimo : des bruits lointains surhumains joués aux cordes, des éclats de rire sardoniques aux vents.
2. Une mélodie terriblement familière retentit à la clarinette : c’est l‘idée fixe mais son caractère noble, passionné et timide est remplacé par un caractère grotesque et ignoble.
3. Soudain, tous les instruments hurlent une monstrueuse cacophonie : des monstres, des sorcières, des vampires apparaissent et la bien-aimée de l’artiste se joint à eux : l’idée fixe déformée résonne à la petite clarinette rejointe par la flûte piccolo.
4. Les monstres du sabbat commencent une danse burlesque et horrifiante. Explosion orchestrale. Descente en decrescendo : la danse s’arrête.
5. Un glas funèbre sonne solennellement.
6. Thème du Dies iræ catholique. Ce thème est transformé au fur et à mesure de ses apparitions
7. Thème de la ronde de Sabbat
8. Les thèmes de la ronde et du Dies irae se mêlent.
9. Un apocalyptique accord final ponctué par un coup de cymbale sonne la fin de ce sabbat. L’artiste se réveille. La vision s’achève.

Je vous invite à écouter le Dies Irae de Mozart, de Verdi (qui ne reprennent que les paroles et non la musique de la version médiévale).